L'appareil photo est sans doute l'invention de la révolution industrielle qui a le plus influencé l'impressionnisme. Monet avait remarqué qu'avec des vitesses d'obturation lentes, les personnages en mouvement étaient flous. Il a naturellement commencé à estomper les contours de ses personnages afin d'obtenir cet effet. À l'œil nu, ces personnages n'ont pas l'air flou et l'un des premiers critiques a eu beau jeu de comparer des promeneurs d'un tableau de Monet à des “coups de langue noire”. Le lien avec la photographie est souvent passé inaperçu, même pour ceux qui louaient la capacité de l'artiste à saisir cette « instantanéité du mouvement ». Lumière, surface, couleur et saisie des instants fugaces… tels sont les maîtres mots de l'Impressionnisme.
La formule de Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir », résume à elle seule cette revendication de l'artiste à donner sa vision personnelle, celle de sa propre subjectivité.
En se donnant les moyens techniques de l’observation, et au prix de certaines contraintes, le sténopé nous donne la mesure du temps et du cadrage.
Le sténopé, forme la plus simplifiée de l’appareil photographique, est une boîte hermétique qui ne peut produire qu’une seule image, réalisée à travers un trou d’épingle. Avec l’intuition comme horloge, le rayon lumineux imprime la vision, sur une surface rendue sensible, et placée sur la paroi intérieure opposée au trou.
Ces gestes rapprochent la photo de la peinture. Dans le cas du portrait, le sténopé oblige le sujet à la pose. Rester immobile pousse le modèle à « assumer » cette pose et à participer de moitié à la réussite de la prise de vue. Celle-ci devient un événement pour les protagonistes et non plus cet instant non-pondérable dérobé à la réalité par le seul photographe.
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