Photo © Eric Bouttier |
Foto Povera est un collectif créé en 2005 par Yannick Vigouroux et Remi Guerrin, en réaction à l'utopie techniciste qui présente l’image photographiée comme la perfection de l'enregistrement du réel. A l’opposé d’une photographie académique, léchée et lisse, ce courant alternatif revendique une photographie spontanée, sensitive, poétique. Il considère que la photo n'est pas réductible à un constat, mais qu’elle est une construction mentale, toujours subjective.
A l'origine de ce courant figurent notamment, aux États-Unis, Nancy Rexroth qui utilise au début des années 1970 un Diana en plastique, appareil qu'elle nomme sa « machine à poésie », et Bernard Plossu en France. Box, foldings anciens, polaroids amateurs, Dianas ou Holgas en plastique, Lomos, photogrammes, boîtes fabriquées faisant office de sténopé, appareil numérique basiques, et depuis quelques années téléphones mobiles : la plupart des photographes déclenchent vite, en prise directe avec une réalité envisagée le plus souvent comme subjective; c'est une vision qui viendrait des «tripes», pour citer à nouveau Nancy Rexroth. En utilisant les défauts des appareils (les poussières, le vignettage, les traces, le flou…) ils brouillent la surface parfaitement lisse de l'image. Techniquement, on pourrait se risquer à une analogie entre la perfection technique, précise mais lisse et froide, d’un enregistrement numérique (cd audio), et la chaleur du même enregistrement sur support vinyle, malgré quelques craquements sonores. On peut aussi retrouver des affinités avec un certain cinéma expérimental comme certains cinéastes se sont mis à le faire en filmant en mouvement caméra sur l’épaule. Ces photos sont souvent faites sans cadrer ou en visant très rapidement, ce qu’a fait notamment Robert Frank a pu le faire dans les rues de New-York, avec cette fluidité de cadrage, ce côté très cinématographique d’images en mouvement, en prise directe avec le réel.
Au-delà du phénomène de mode évident (au point que la photo de mode a récupéré depuis peu l'esthétique de l'imperfection que revendiquent nombres d'auteurs faisant partie ou proches de Foto Povera), la vitalité et la créativité de cette dernière attestent de la permanence d'un courant « archaïsant » qui a toujours existé dans l'histoire de la photo.
(1) Foto Povera 6
Quatre expositions ont eu lieu en France, et la dernière en juin 2009 à Atlanta. Toutes ont le souci de ne pas toujours montrer les même artistes, ni les mêmes œuvres.
Blog accompagnant Fotopovera 6
Blog accompagnant Fotopovera 6
(2) Yannick Vigouroux est critique d’art.
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie (Arles), il vit et travaille à Paris. Critique d’art, journaliste, écrivain et photographe, il travaille pour le Ministère de la Culture sur l’inventaire et la conservation des collections photographiques données à l’Etat français. Il a été curateur de nombreuses expositions pour le Patrimoine photographique (Ministère de la Culture) et a publié plusieurs livres sur la photographie.
Blog de Yannick Vigouroux
Blog Fotopovera, des pratiques alternatives
Blog Fotopovera, des pratiques alternatives 2
Blog de Yannick Vigouroux
Blog Fotopovera, des pratiques alternatives
Blog Fotopovera, des pratiques alternatives 2
Il a publié notamment :
Avec l’écrivain Sylvain Estibal
Naufragée, éditions Thierry Magnier, 2007.
En tant qu’historien de la photographie et critique d’art :
Avec Christian Gattinoni ,
La Photographie (1839-1960), éditions Scala (2001 ; 2002 / 2005)
La Photographie contemporaine, éditions Scala (2001 ; 2002 / 2005)
Avec Jean-Marie Baldner,
Les Pratiques pauvres, du sténopé au téléphone mobile, aux éditions du CNDP – CRDP de l’Académie de Créteil, Isthme éditions (2005).
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